(Kane) Laissez-moi là, je vais vous ralentir

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Restés en arrière alors que l'escouade remontait la tour, Kane et Ira marchent en silence, à seulement quelques centimètres l'un de l'autre parce que depuis qu'ils sont ensemble, ils sont incapables de rester à plus de 10cm l'un de l'autre quand ils se retrouvent seuls. Kane a l'air impassible, comme la plupart du temps, mais cette fois, Ira sait que c'est à cause de lui. Il a stoppé le saignement, il sait faire à force, jusqu'à ce que Finley s'occupe de panser la plaie. Sa cuisse lui fait mal, à chaque fois qu'il laisse sa jambe en suspend, et ça s'intensifie à chaque fois qu'il pose le pied par terre. Mais il garde les dents serrées, conscient qu'il est le seul responsable de cette blessure.
Voyez-vous, Ira a toujours eu cette propension à faire le malin, partout, tout le temps, et dans tout un éventail de situations. Et ce, même face aux zombies, auxquels il a pris l'habitude de parler avant de les neutraliser, à coup de Ooouh chérie, tu verrais ta tête et autres joyeusetés. Ce qui le déconcentre en partie de son environnement, et aujourd'hui, ça a été fatal. Sans trop savoir quoi, quelque chose lui a déchiré le côté extérieur de la cuisse droite, et le voilà à faire tous les efforts du monde pour réussir à remonter jusqu'au château. Dans le silence glacial de Kane qui en dit long, ironiquement.
A mi-chemin, Ira laisse finalement un grognement lui échapper et s'écarte de Kane pour aller s'appuyer un peu contre le mur et laisser sa jambe se reposer.

Monte voir les gamins, fait-il en se donnant l'air tranquille alors qu'il est à bout de souffle. Je vous rejoins dans cinq minutes.

Même s'il finira par arriver, il sait qu'Olivia s''inquiétera de ne voir revenir temporairement qu'un seul de ses parents. Elle ne le dit pas, mais elle s'inquiète constamment lorsqu'ils s'absentent. Il le sait quand il voit son regard hérité de Kane, passer de l'angoisse au soulagement quand elle les voit remonter par les terrasses. C'est pas normal, pour une gamine de onze ans.

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Non Kane n'était pas impassible ; Kane était foutrement en colère, et il contenait ça sous un glacier de gêne à s'exprimer tout à fait anglais. Il aurait été un peu plus sanguin et spontané, Ira aurait sans doute pris un coup de tête ; il avait expliqué des milliards de fois que ça n'était pas une option de se mettre en danger, que ça ne servait à rien et qu'a priori les zombies seraient toujours les plus forts à la fin – parce que c'était les plus nombreux.
Et Kane détestait que ses troupes se mettent en danger, que ça soit Laszlo – foutu, foutu hongrois qui comptait totalement sur son pouvoir pour rester en vie, et que si un jour l'intangibilité foirait Kane aurait à annoncer sa mort atroce à son mari –, ou même Bowen.
Oui, même Bowen.
Et pourtant Kane avait souvent souhaité le voir mort.

Alors imaginez quand il s'agissait d'Ira... Il l'amena, dans un silence à peu près aussi glacé que la banquise du pôle Nord par un petit matin d'hiver où le soleil venait tout juste de se lever – le vent froid vous gifle à ce moment-là, particulièrement fort – jusque devant la pièce dont Finley avait fait son infirmerie, et posa un regard coupant sur lui.

Il ne prit même pas la peine de répondre – probablement parce qu'il craignait de l'insulter s'il ouvrait la bouche – et prit la direction de la chambre des enfants, qui dormaient entassés dans la même pièce – suffisamment grande pour faire du trampoline néanmoins, s'ils avaient eu un trampoline sous la main. Olivia, avec sa nature inquiète et à l'affût, avait l'air de se demander pourquoi Ira n'était pas revenu encore, alors que Diane et Tilal, un peu plus indépendants et enthousiastes, demandaient à Kane de raconter comment ça s'était passé.

« ça a été... Tilal arrête de crier, chéri. Il restait quelques zombies, mais on les a eu. Non, votre père s'est juste pris quelque chose dans la cuisse parce qu'il ne faisait pas attention...
Oui Félix et Dimitri ont fait des bêtises, c'est dans leur nature, Tilal...
Arrête de t'agiter. Et descendez manger. Lewis a sans doute terminé de tout préparer vu l'heure. »

Kane ouvrit la vieille fenêtre avec précaution, regardant le paysage qui se désolait à vue d'oeil à l'approche de l'hiver, et regretta encore une fois qu'on ne trouve plus le moindre paquet de clopes dans les tabacs d'Amboise, attendant patiemment que son mari soit libéré par le médecin.

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Passer par l'infirmerie, pour Ira qui a toujours été du genre ça va, ça va même au bord de la mort, le fout un peu de mauvais poil, parce qu'il déteste être tripoté par un autre homme que son mari. Encore que Finley et lui sont devenus grands copains, mais bien qu'étant tous les deux dans une attitude de no homo, il n'y a rien de plaisant à sentir des mains plus ou moins étrangères sur sa peau. Pourtant, cette fois-ci passe vite. Comme le saignement a été arrêté par Ira, ce qui, il faut l'avouer, facilite grandement les choses, Finley n'a eu qu'à désinfecter la plaie – et oui, ça fait mal, c'est dur de trouver autre chose que de l'alcool – et faire quelques points de suture.
Il est donc rapidement libéré, et marche tranquillement jusqu'à la chambre où Kane l'attend. Sur le chemin, il croise les enfants, enthousiastes à l'idée d'aller manger. Olivia est la première à décoller au moment où elle le voit, et fonce dans ses jambes pour l'enlacer et le serrer aussi fort qu'elle le peut – et heureusement que c'est pas Diane la plus angoissée, sinon Ira pourrait aller se faire réparer les fémurs. Ira la soulève du sol pour lui faire un câlin et la rassurer. Elle a vite fait d'entourer son cou de ses bras pour se coller le plus possible à lui. Au cas où lui vienne l'idée de s'en aller ou disparaître. Diane et Tilal les rejoignent rapidement. T'es trop un warrior papa, mais tu vas te faire engueuler. Oui je sais, terreur, mais allez commencer de manger, on vous rejoint. Et il lui faut quelques instants pour réussir à décoller Olivia, bien décidée à ne plus le quitter. Il y arrive finalement, et elle est entraînée par son frère et sa sœur aux étages inférieurs.
Ira entre donc dans la chambre, trouve Kane face à la fenêtre ouverte et s'arrête à quelques pas de lui.

Ok, j'ai joué au malin. Mais j'avais pas le choix, mon alliance était tombée, fait-il en croisant les bras sur sa poitrine.

Même si son alliance a réellement glissé de son doigt pendant la bataille, ce n'est absolument pas une excuse à son arrogance au combat, et à pourquoi il s'est mis en danger. Mais peut-être que les sentiments marcheront cette fois.
Sa cuisse le brûle, et il meurt d'envie de s'asseoir sur le lit des enfants.

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Kane savait pertinemment que ses gosses allaient porter jusqu'à leur autre père sa mauvaise humeur ; de toute manière il n'était pas très bon pour cacher ce qu'il ressentait et quand bien même il essaierait Olivia était bien trop fine mouche et sensible pour être trompée facilement. Il ne réagit pas quand Ira entra derrière lui en faisant un bruit habituel et réconfortant, et l'anglais serra les mâchoires avec agacement.
Il aurait bien aimé pouvoir l'engueuler en gaélique, mais c'était une langue qu'il n'arrivait pas à parler ; tout au plus à comprendre quand certains membres de la famille Donnelly le parlait. Bowen par exemple, il ne le comprenait absolument pas.
Il se retourna, et il n'avait pas besoin de gaélique pour faire comprendre son mécontentement ; son regard aurait pu percer un trou dans les murs s'il les fixait suffisamment longtemps.

« T'as pas joué au malin. T'as failli mourir. Encore. C'est terminé, je t'emmène plus dehors. La seule différence avec ton frère c'est que tu ne mets pas tout le groupe en danger, juste moi. »

Parce que Kane avait ce réflexe stupide et incontrôlable de protéger son mari. Et s'il faisait confiance à certains pour rentrer en un seul morceau, ça n'était pas le cas pour d'autres ; ils étaient trop peu de survivants pour que la perte de 4 membres d'un coup – parce que si Kane se faisait tuer nul doute que Félix et Dimitri suivent – serait un coup dur pour tout le monde resté au château.

« Comme ça ça sera beaucoup moins dangereux de retrouver ton alliance. »

Il fusilla du regard son mari, le défiant de le contredire.

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En effet, Ira n'a pas besoin que Kane parle pour comprendre exactement ce qu'il a en tête. Sachant très bien qu'il est sur le point de se faire engueuler, il pousse un soupir et va s'asseoir sur le lit pour reposer sa jambe. Sauf qu'il s'attendait à tout, même à un coup de poing dans les dents, sauf à se faire virer des escouades en extérieur. Surpris, et sous le choc, il lève des sourcils étonnés vers son mari, et prend un moment avant de répondre, si bien que Kane en profite pour lui balancer une deuxième pique. A laquelle Ira répond par un détournement de regard, et un sourire narquois et à la fois incrédule. Kane n'est personne pour lui donner des ordres, en tant que mari. Mais en tant que chef de la sécurité, il en a tout à fait le droit. Et Ira n'a rien le droit de dire, en tant que soldat. Sauf qu'il est partagé entre réagir en tant que soldat et en tant que mari. Dans les deux cas, ce qu'il ressent est un mélange de soulagement – de ne plus avoir à faire face aux zombies – , de colère, et de déception. A la fois de ne plus faire partie de cette espèce d'élite pour laquelle la quasi totalité des habitants du château a de la considérer, et la déception d'avoir déçu son mari à ce point.
Tout ça pour une foutue alliance, qu'il aurait très bien pu laisser là où elle était tombée. Ce qu'il aurait amèrement regretté si Kane venait à mourir avant lui.
Il reste silencieux un instant, les yeux fixés sur le sol. Il n'a pas envie de se disputer avec lui maintenant, sa cuisse lui fait mal et les enfants les attendent à table.

Ouais.

De toute façon, quoiqu'il dise, Kane n'en démordra pas. Ils ont le désir viscéral de se protéger l'un et l'autre, et laisser Ira au château est un moyen de le protéger de la menace extérieure. Même si ça doit le condamner à attendre dans l'angoisse que Kane rentre de ses sorties.

Ca nous évitera au moins de laisser les gamins orphelins si ça tourne mal.

Et il se lève, annonce qu'il va se changer avant de descendre manger, et quitte la chambre des enfants et Kane, le visage fermé et la jambe boîteuse.
Environ dix minutes plus tard, il est assis entre les jumelles et face à Tilal, en train de manger son assiette de soupe de potimarron. Olivia est collée contre lui, probablement dans une tentative de le réconforter, pendant que sa sœur et son petit frère s'amusent à manger leur soupe en faisant beaucoup de bruit.

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Kane eut besoin d'un petit temps seul dans la chambre des gamins à se persuader qu'il n'avait pas besoin de péter quelque chose pour exprimer efficacement sa colère ; il était bien au-dessus que ça et ne devait pas oublier le sacro saint flegme anglais, n'est-ce pas ?
Autant pour la chaise que Tilal avait de toute manière bien entamée, et que son père acheva d'un coup de talon rageur accompagné d'un cri bref et chargé d'agacement à en faire décoller la vieille tenture du mur.

Il descendit les escaliers une fois calmé, un peu d'eau passée sur le visage, et sa lourde veste militaire ouverte pour le laisser respirer. Olivia parut délicieusement ravie de le voir réapparaître – cette gamine était d'une nature inquiète qui ne laissait pas de rendre songeur Kane – et prit place à côté de sa famille, jetant un regard froid aux deux têtes brûlées de la fratrie qui s'amusaient beaucoup à faire un maximum de bruit. Les gosses paraissaient absolument immunisés, et continuèrent en riant bruyamment.

Kane laissa tomber, de toute manière trop énervé pour espérer les disputer sans les traumatiser, et eut un geste de dénégation à la demande d'Olivia qui lui demandait s'il mangeait ou pas :

« Non chérie, je n'ai pas faim. »

C'était souvent le cas quand il était contrarié, et ça expliquait une part de sa minceur, même si le reste était entretenu par des conditions de vie somme toutes stressantes. Il se redressa, observa un des portiers, le hongrois discret, ninjater à travers la salle en espérant que personne ne le regarde.
Il sentit bien qu'Olivia gardait les yeux levés vers lui, désespérée de continuer à parler, et tourna le regard sur elle.

« C'est bon ce qu'a préparé Lewis, alors ? »

Tilal exprima un assentiment bruyant, faisant lever un sourcil à son père :

« Oui je vois ça, t'en as jusqu'au-dessus des sourcils. »

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Lorsque Kane s'assoit à table avec eux, le cœur d'Ira fait un bond. C'est un peu con, mais depuis qu'ils sont ici, il prend conscience du point auquel il est chanceux de les avoir encore, eux.

Tu devrais quand même manger un peu, il commente, et Olivia hoche la tête pour approuver.

Et il aimerait, tout de suite, embrasser son mari aussi fort qu'il aimerait lui coller un poing dans la figure pour croire qu'il a le droit de l'empêcher de le suivre et s'assurer de sa protection personnelle.
Au lieu de faire l'un ou l'autre, il se contente de pousser un bref soupir, et de continuer à manger sa soupe. La nouvelle cuiller qu'il prend est froide, et des petits glaçons craquent même sous ses dents. Ok. Kane est vraiment énervé, et Ira ne peut plus manger sa soupe. Il repose sa cuiller, et attend en silence que les enfants aient terminé de manger pour sortir de sa poche quelques figurines qu'il a récupéré pendant l'expédition du jour. Des super-héros, un peu abîmés et sales, mais encore entiers. Même Olivia, qui avait pourtant senti qu'ils étaient fâchés – elle est beaucoup trop sensibles pour ne pas s'en rendre compte – se retrouve à sourire joyeusement et plonger sa petite main dans celle de son père pour attraper les jouets et filer en courant. Il leur en faut peu, et c'est très bien comme ça. Il passe rapidement une main dans les cheveux de Tilal, qui a encore de la soupe partout, pour les lui ébouriffer. Puis il se tourne vers son mari, et plante dans ses yeux bleus, son œil vert et le voilé.

Maintenant que tu m'as viré, tu peux arrêter de faire la tête nan?, il lui dit en faisant tout son possible pour ne pas avoir l'air provoquant. Ce à quoi il n'arrive absolument pas. Je vais finir par croire qu'il y a autre chose.

Il joue avec sa cuiller et le reste de soupe glacée avant de la laisser tomber. A force de vivre avec Kane, il absorbe ses émotions, et il sent son corps se tendre à chaque seconde qui passe.

Putain, je déteste à quel point j't'aime des fois, lâche-t-il en soupirant.Je veux juste te protéger, putain. Pourquoi tu veux me faire attendre ici pendant que t'es dehors sans que je sache si tu rentreras, sérieux?

Non. Décidément, il n'arrive pas à se résoudre à jouer au gardien de porte pendant que son mari risque sa vie. S'il meurt, il veut mourir aussi.

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Kane était un père attentionné, et eut un sourire pour sa fille trop sensible – qui lui ressemblait en fait d'une certaine manière, sauf qu'elle n'avait pas eu l'occasion de se construire une carapace de béton armé, elle, et c'était tant mieux – en l'assurant qu'il mangerait, mais plus tard. Là il n'avait vraiment pas faim et était décidé à faire simplement acte de présence.
L'apparition de glaçons dans la soupe d'Ira n'était presque pas d'un fait contrôlé – sauf que Kane avait trop longuement travaillé son don pour se planter aussi grossièrement. Ira eut la bonne idée de ne pas commenter ni l'accuser devant les gamins, qu'il envoya jouer avec des figurines de superhéros – le genre de trucs que Kane ne pensait absolument pas à ramasser, lui, parce qu'il était concentré sur l'objectif, les pertes possibles, tous les angles morts, et qu'en mission il oubliait parfois un peu qu'il avait le droit d'être autre chose qu'un robot bien dressé pour sa mission.
Le MI-6 l'avait parfaitement entraîné, et Kane avait du mal à se faire à une vie civile où on avait tant besoin de ses talents sans avoir besoin de son esprit rationnel, calme, organisé, et manquant singulièrement d'humanité.

Il laissait maintenant parler Carol à sa place quand il était question de discours devant les habitants, se contentant de présenter succinctement le travail des différentes équipes.

Il pinça les lèvres à la réflexion d'Ira :

« C'est pareil pour moi c'est ça que tu ne comprends pas, sauf qu'aujourd'hui tu étais réellement en danger, et sans les réflexes rapides du groupe, tu serais peut-être mort. »

Et Kane aurait pu rajouter qu'il n'avait pas envie de rendre les gosses orphelins mais putain c'était une évidence ; il les avait pas faits pour qu'ils souffrent toutes leurs vies parce que leur père était infoutu de résister à une bonne blague même face à un zombie ?

« Je sais que je prends des risques, mais moi je les maîtrise. Je fais pas la gueule, j'ai eu peur c'est tout. »

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Ira serre les dents, et pousse un soupir en venant croiser ses bras sur la table. Depuis qu'ils sont là, il a vu Kane se refermer petit à petit et devenir froid comme un glaçon – haha – et a du mal à gérer la situation. Il ne l'a pas connu comme ça depuis les premières semaines de Kane à la fac, et ne pensait pas qu'il devrait faire face à la carapace de son mari une fois encore. Cela dit, il ne pensait pas non plus qu'ils auraient à faire face à une invasion de Z, alors plus rien ne le surprend vraiment. C'est juste qu'il a l'impression que son mari lui échappe. Ils passent beaucoup plus de temps à se disputer, plus qu'avant en tout cas, et Ira se retrouve à ne plus savoir quoi dire ou faire.
C'est peut-être le fait de devoir travailler ensemble à l'extérieur du château, Kane doit le considérer comme un soldat avant toute chose lorsqu'ils sont dans la nature, alors peut-être qu'au cours des mois, la frontière entre Amboise et l'extérieur s'est brouillée. Si rester sentinelle peut aider Ira à retrouver son mari, ok. Il le fera.

Ok, il finit par faire, en appuyant ses coudes sur la table, laissant ses yeux se poser sur les mains de son mari. Mais je veux être placé au portail.

Pour m'assurer que tu rentres bien vivant, il se retient d'ajouter, et au lieu de ça, va emmêler ses doigts à ceux de Kane. Il n'est pas du genre à admettre facilement qu'il a peur, et le fait qu'il l'admette lui serre le cœur.

Je suis désolé, marmonne-t-il en resserrant doucement ses doigts.

Il n'a pas besoin d'ajouter que c'était pas son intention. Kane le sait, et c'est d'ailleurs parce que c'est jamais l'intention d'Ira qu'il se met en colère contre lui. Ils ont toujours fonctionné comme ça, et au fond, l'irlandais est content de savoir qu'il a eu peur pour un peu plus que parce que perdre quelqu'un dans une communauté restreinte, c'est important, et peut avoir un gros impact.

Bon, fini-il par dire. Vu que les enfants sont occupés à jouer, on peut peut-être en profiter pour passer un peu de temps rien que tout les deux, nan?

Un petit sourire suggestif lui étire les lèvres, sans pour autant que ses mains ne quittent celle de son mari.

Invité

En réalité, ils ne se retrouvaient que très peu souvent à deux, et quand ça arrivait, Kane était tellement pris dans ses histoires de responsabilité, de sorties en extérieur, d'organisation de survie – où il était, encore une fois, le mieux placé de tout le château pour savoir quoi faire putain...
Il avait porté beaucoup de responsabilités et de stress, notamment à leur arrivée. Avec sa formation d'agent des services secrets, il avait cette aura des gens qui n'ont pas été managés normalement, et ont été préparés à des situations de vie ou de mort.
Ça avait fait la différence dans les débuts, Dahmer supportant à lui tout seul la panique de gens qui n'avaient jamais pu envisager vivre une situation pareille.

Depuis, tout s'était organisé, les esprits s'étaient faits à la situation et même si certaines choses restaient difficiles à vivre, eh bien, on s'y était fait. Oui, il y avait des zombies dans les bois, mais c'était plus une nouveauté ni l'horreur des débuts.

Mais Kane n'avait pas réussi à relâcher la pression, s'était fait plus froid à la fois avec son mari et ses enfants ; dans leur vie d'avant, il pouvait faire une différence marquée entre le travail et la maison... Maintenant il vivait au boulot, et son caractère déjà sévère de base s'était encore un peu durci. Les gosses ne lui en voulaient pas, Ira non plus, mais c'était juste fatigant pour tout le monde.

Il regarda Ira hausser des sourcils avec cette expression amusante et sexy à la fois, et soupira, un peu découragé :

« Très franchement je sais pas si j'me rappelle comment on fait. »

C'était une manière toute subtile, toute Kane en fait, d'avouer que ça lui manquait ; pas que le sexe. Ira lui manquait, leurs relations telles qu'elles avaient été et qu'il échouait à maintenir lui manquaient aussi.